Contrôle coercitif : effet de mode ou réalité prouvée ?
- alicenieto
- 20 mai 2024
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 mai 2024

Le contrôle coercitif : c'est quoi ? d'où ça vient ?
C’est une notion qui est née sous la plume d’un sociologue américain nommé Evan Stark.
Evan Stark se pose la question suivante :
"Pourquoi cherche-t-on davantage à identifier les raisons pour lesquelles femmes restent au sein de la relation de violences, plutôt que de mettre l’accent sur le comportement problématique de l’auteur qui les retient prisonnière ?"
Stark prouve à travers ses études que la violence physique est rarement une impulsion sortie de nulle part mais qu’au contraire, elle relève d’un « continuum de violence, d’exploitation, d’humiliation et de manipulation exercés de façon répétée par l’auteur dans le but d’établir et de maintenir une domination sur la victime »..
Dans l’action coercitive, on observe à la fois:
des techniques comportementales (isolement, contrôle/surveillance, harcèlement, humiliation, dépendance économique et psychologique),
des techniques émotionnelles (manipulation verbale, dénigrement, chantage, menaces : état de confusion)
des techniques cognitives (injonctions paradoxales, gaslighting, faire passer pour folle : incapacité à penser et prendre des décisions).
Pourquoi parle-t-on aujourd'hui de contrôle coercitif plutôt que d'emprise, pour caractériser la dynamique des violences faites aux femmes ?
A travers la notion de contrôle coercitif, les actes de violence ne se distinguent plus par leur gravité mais par leur fréquence, leur durée et leurs répercussions.

Un changement de paradigme :
une meilleure prise en charge médicale et judiciaire
Le concept de contrôle coercitif permet d'abord un changement de paradigme dans la compréhension des violences conjugales et donc une prise en charge psychologique plus adaptée puisqu'il s'agit de moins culpabiliser la victime et d'insister davantage sur le comportement déviant et condamnable de l'auteur.
Mais il peut aussi avoir un rôle à jouer sur le plan juridique. Plusieurs pays (Angleterre, Pays de Galles, Irlande, Ecosse et certaines états des Etats Unis) l’ont d'ailleurs intégré au Code pénal.
A travers la notion de contrôle coercitif, on fait le parallèle avec une prise d’otage où la patiente serait psychiquement prise au piège par toutes les techniques décrites précédemment. L'auteur élimine le sentiment d’individualité de la personne en instituant un contrôle sur ses pensées, ses croyances, ses comportements et ne l’empêchant de prendre des décisions par elle-même. On retrouve parmi les victimes certaines formes de traumatismes complexes engendré par des années de contrôle coercitif.
C’est un délit qui dans certains pays est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 5 ans de prison, ce qui renvoie un message fort sur le plan sociétal et redonne aux victimes confiance à l’égard du système judiciaire.
De plus, l’inclusion du contrôle coercitif dans le système judiciaire permet aux tribunaux de prendre en considération les comportements coercitifs lorsqu’ils évaluent l’intérêt de l’enfant concernant les droits de garde.
En France, bien qu’Isabelle Rome, Ministre déléguée chargée de l’Egalité entre les femmes et hommes ait soulevé l’importance de l’introduction du contrôle coercitif dans le droit pénal, il demeure encore des incompatibilités avec le droit français.
Comment distinguer le confit conjugale du contrôle coercitif ?

Pour en savoir plus, je vous recommande l'ouvrage suivant :

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